I- Le Lancement
Le 17 décembre 2025 à 05h01 UTC (02h01 heure locale), la fusée européenne Ariane 6 s’élancera depuis le Centre spatial guyanais pour sa mission VA266, un vol à double enjeu : consolider la constellation Galileo, le système de navigation par satellite de l’Union européenne, et affirmer la souveraineté spatiale de l’Europe. Ce cinquième vol d’Ariane 6, dans sa configuration à deux boosters (Ariane 62), placera en orbite deux nouveaux satellites Galileo (SAT 33 et SAT 34), renforçant ainsi une constellation déjà essentielle pour des milliards d’utilisateurs à travers le monde. Après le succès de la mission VA265 en novembre, ce lancement clôturera l’année 2025 en symbolisant l’autonomie européenne en matière d’accès à l’espace et de technologies de navigation, face à la concurrence des GPS américain, Glonass russe ou Beidou chinois.
II- Physionomie de la constellation
Pour comprendre la mission, il est important de connaître la topologie de la constellation Galileo.

Galileo est composée de 30 satellites en orbite moyenne terrestre (MEO) à 23 222 km d’altitude, répartis en 3 plans orbitaux inclinés à 56° par rapport à l’équateur. Chaque plan orbital contient 10 satellites : 8 satellites actifs et 2 satellites de réserve (spare). Les satellites de réserve sont opérationnels et émettent un signal, prêts à remplacer un satellite actif défaillant en quelques jours, sans attendre un nouveau lancement.
| Plan orbital | Satellites actifs | Satellites de réserve |
|---|---|---|
| Plan A | 8 | 2 |
| Plan B | 8 | 2 |
| Plan C | 8 | 2 |

Cette architecture de satellites est dite en configuration Walker 24/3/1 pour 24 satellites opérationnels sur 3 plans orbitaux. Mais le 1 me direz-vous, que veut-il dire ?
- Il représente le décalage angulaire ou paramètre de phasage entre les satellites de plans orbitaux adjacents, exprimé en unités de 360°/N (où N est le nombre total de satellites).
- Concrètement, pour Galileo, un phasage de 1 signifie que les satellites sont décalés d’un seul « slot » (position orbitale) entre chaque plan. 1 veut dire 1/8ième de tour donc 45° de décalage.
- Cela permet une répartition uniforme des satellites autour de la Terre, optimisant la couverture et la visibilité depuis le sol.
Pourquoi procéder de la sorte ? Cela garantit que deux satellites ne seront jamais à la verticale d’un même point là où les orbites se croisent pour maximiser la précision de la localisation en toute circonstance.
III- Pourquoi Deux nouveaux satellites ?
Même si la constellation Galileo est déjà opérationnelle avec 31 satellites dont 27 actifs, le lancement de deux nouveaux satellites (SAT 33 et SAT 34) lors de la mission VA266 répond à plusieurs impératifs stratégiques et techniques :
Garantir la précision, la redondance et la fiabilité du système
Chaque satellite Galileo embarque quatre horloges atomiques (deux masers à hydrogène et deux horloges au rubidium), mais certaines ont connu des défaillances par le passé. Avoir des satellites de réserve en orbite permet de remplacer instantanément un satellite défaillant, sans interruption de service pour les utilisateurs. Avec 27 satellites actifs, Galileo dépasse le minimum requis pour une couverture mondiale (24 satellites), mais les satellites surnuméraires et de réserve assurent une marge de sécurité indispensable pour un système critique comme la navigation par satellite ainsi qu’une meilleure précision du service de localisation. Le dispositif complet permettra aux utilisateurs de bénéficier d’une précision de 20 cm en position horizontale et 40 cm en position verticale.
Ces nouveaux satellites permettent aussi d’introduire des améliorations comme des correctifs pour les horloges atomiques ou des protocoles de sécurité renforcés.
Préparer la transition vers la seconde génération
Les satellites de première génération, comme ceux lancés par VA266, servent de pont vers la future constellation Galileo de seconde génération (G2G), dont les premiers lancements sont déjà prévus sur Ariane 6. Ces satellites G2G offriront des capacités accrues (meilleure précision, résistance aux cyberattaques, nouveaux services), mais en attendant leur déploiement complet, il est fondamental pour le programme Galileo de maintenir une fiabilité et une résilience élevées du système auprès de ses utilisateurs.

Affirmer l’autonomie européenne
Galileo est un projet phare de l’Union européenne, conçu pour réduire la dépendance aux systèmes américains (GPS) ou russes (Glonass). Chaque lancement renforce cette autonomie stratégique, surtout dans un contexte géopolitique tendu. Le recours à Ariane 6 pour ces missions est un symbole fort : l’Europe maîtrise toute la chaîne, du lancement à l’exploitation des satellites.
IV- Le vol, l’orbite visée
Le tir de mercredi matin sera en direction du Nord Est pour une inclinaison visée de 54°.

© 2025 ESA-CNES-ARIANESPACE ArianeGroup / Service Optique-Vidéo du CNES S.MARTIN
| Satellites | SAT 33 et 34 |
| Client | Commission Européenne et Agence de l’Union Européenne pour le programme spatial (EUSPA) dans le cadre d’un contrat signé avec l’agence spatiale européenne (ESA). |
| Fabriquant | OHB System AG |
| Mission | Système global de positionnement par satellite (GNSS) |
| Masse au lancement | Environ 700kg pour chaque satellite |
| Zone de couverture | Globale |
| Durée de vie nominale | 12 ans |

Bibliographie
Pour approfondir vos connaissances vous pouvez lire :
L’article Galileo Space Segment sur le site Navipedia de l’ESA.
L’article Galileo FOC (Full Operational Capability) sur le site d’Eoportal.
L’ état actualisé de la constellation Galileo.
Le site d’Arianespace pour le vol VA266 où vous pourrez notamment y retrouver le kit de presse.



